POUR UNE GRANDE LOI DE CITOYENNETE
AFIN DE REDONNER UN VISAGE A LA NATION
Aujourd’hui, la nation n’a plus de visage. Les Français sont inquiets, toutes les catégories sociales grondent, car il est de plus en plus difficile d’assurer un avenir à nos enfants. Or, un pays qui désespère sa jeunesse n’a pas d’avenir. Cette désespérance est aussi celle des banlieues.
Les émeutes urbaines d’octobre 2005 ont montré que la France profonde est désormais une France urbaine, qui vit dans des quartiers difficiles livrés à la loi des bandes. L’urgence a d’abord été de rétablir l’ordre. La République, c’est aussi l’autorité de l’Etat, afin de permettre à chacun de vivre en sécurité.
L’ordre a été rétabli, mais ne nous y trompons pas : au-delà du phénomène réel d’une délinquance de plus en plus violente, c’est aussi le mal-être de notre société moderne qui s’est exprimé dans cette crise des banlieues. Ces émeutes urbaines viennent nous rappeler le sens étymologique du mot « banlieue » : mis au ban de la société, mis à l’écart.
La destruction de notre tissu industriel couplée à des flux migratoires massifs, le plus souvent subis, les dysfonctionnement de l’école républicaine, l’effondrement de la famille traditionnelle et la disparition du service militaire, autant de points de repère qui avaient rendu légitime l’idée de communauté de destin, ont conduit la France et les Français à douter de leur identité.
Ce sont des pans entiers de notre peuple qui sont aujourd’hui mis au ban de la société, car le XXIè siècle se construit sur un projet inégalitaire. La mondialisation marchande et les injonctions du marché qui conduisent à fabriquer à moindre coût nient toute idée de destinée collective. Chaque homme n’est plus que le consommateur isolé d’un vaste marché.
L’échec de la construction européenne, avec le « non » au référendum, suffit à montrer que l’économie n’est plus aujourd’hui, contrairement à l’idée des pères fondateurs, un facteur d’intégration. Les pays se font concurrence à coup de dumping social et fiscal : la véritable guerre est économique.
Dans ce contexte de mondialisation marchande qui se traduit par l’affaiblissement de notre modèle social, nous, gaullistes sociaux, gaullistes de gauche, éprouvons la nécessité de revenir sans cesse à la pensée gaullienne. Nous ne sommes en effet prisonniers d’aucune école de pensée. Ni Marx, ni Keynes, ni Hayek, ne nous dictent le futur. Seuls nous intéressent la dignité humaine et le visage de la nation.
Afin de peser sur le débat d’idées, Nouveau Siècle se constitue en véritable club de réflexion, « think tank » auquel chacun d’entre vous peut participer ou adhérer. Notre objectif est de renouveler les idées et l’action politique dans les deux domaines qui intéressent les Français : la traversée de l’économie et la traversée du social, sachant qu’une économie dissociée tend à nier l’humain.
La France d’aujourd’hui est multiple, mais le visage de la nation est un. La mission du politique est de construire ce visage de la nation, comme l’ont fait les guerriers, les hommes d’église, les rois, les empereurs, les présidents de la République, de Vercingétorix à De Gaulle, en passant par Napoléon et Clemenceau, incluant chacun dans une destinée commune.
Revenons à la politique si nous ne voulons pas que l’économie soit le seul organisateur de la société. Nous demandons aujourd’hui la mise en chantier d’une grande loi de citoyenneté, afin que chacun, dans le respect de sa différence, se retrouve dans le visage reconstruit de la nation et non pas dans le vieux miroir de l’affrontement avec l’autre.
Bernard REYGROBELLET
Président du Club Nouveau Siècle