Le Gaullisme
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VERS UN NOUVEAU CONTRAT CULTUREL


Nous vivons dans une Société d’incertitudes où casting et consolation sont devenus des phares et des balises pour bon nombre de nos concitoyens, notamment parmi les plus jeunes.
Là où liberté, responsabilité, enthousiasme, initiative devraient l’emporter.
Personne ne peut rester indifférent quand des milliers de voitures brûlent, quand des milliers de gens appellent au secours dans des quartiers difficiles où il craignent pour le peu de biens qu’ils possèdent.
En même temps il y a un problème de sous-emploi endémique et des difficultés croissantes de recrutement.
Comment peut-on demeurer inerte devant les 400.000 emplois non pourvus chaque année ?
Manifestement l’inadéquation est forte :
- Entre les qualifications acquises et les qualifications requises, d’une part. Ce
ne sont pas tant les savoirs-faire professionnels que les savoirs-êtres qui sont parfois en cause. Si ces fondamentaux-là existaient réellement, les savoirs-faire seraient renouvelés régulièrement et en meilleure harmonie avec les besoins.
- Entre les emplois offerts et ceux auxquels les gens aspirent, d’autre part.
On pourrait multiplier les exemples de ces fossés entre les attentes économiques et les réalités sociales.
Même les praticiens de la question sociale ne savent plus à quels saints se vouer.
L’ensemble de la communauté des acteurs publics semble désemparée.
Que peut-on faire de nouveau en matière sociale qui soit autre chose que la continuation, même légèrement infléchie, de ce que nous disons ou réalisons depuis 30 ans ?
Sachant que le débat, même s’il n’est pas toujours explicite, laisse au moins apparaître une incertitude de fond sur la qualité des choix.
Peut-être qu’avant de faire autre chose, il serait bon de penser autrement.
S’interroger d’abord sur le sens, la portée que peut prendre la question sociale et ce qu’elle recouvre dans nos sociétés contemporaines.
Bref, il nous faut revisiter notre contrat social.
Non pas pour remettre en cause notre capacité d’émotion, de réactivité naturelle, d’empathie face à la détresse des hommes.
Mais pour faire du social un moteur de la transformation de la société.
Nous vivons actuellement une troisième phase de la Révolution industrielle bâtie sur le primat de l’information et de la dé-territorialisation des échanges.
La globalisation entraîne automatiquement une concurrence accrue tant économique qu’informelle.
Cette bataille se livre sur toile de fond de vieillissement socio-démographique et culturel ; elle entraîne des dégâts réels, comme la déformation des revenus et des situations, des pertes de productivité (le tertiaire est moins productif que le secondaire), du partage salaires/profits.
La pression va encore croître sur la disqualification du travail peu ou pas qualifié et si le protectionnisme n’a pas vraiment de sens, la régulation internationale harmonieuse se fait toujours attendre.
Bref, si l’économie change, ce n’est pas dans le sens d’une restauration de l’ordre ancien.

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De plus, nos réponses sociales sont bousculées.
Il n’est pas neutre de constater que notre protection sociale vit à crédit, en particulier l’Assurance Maladie et l’Assurance Chômage, bientôt peut-être l’Assurance Vieillesse.
C’est dire que la croissance ne suffit plus pour répondre à nos rendez-vous.
A côté de ce décrochage des fondamentaux qui s’opère en corollaire avec la conception du système, il y a aussi une crise latente d’efficacité et de pilotage de notre système « commutatif » pour reprendre l’expression chère à Jean-Jacques Dupeyroux.
Fondé sur la réparation, l’assurance sociale, notre système est devenu une immense, complexe et formidable machine à redistribuer.
Mais quel est son impact véritable sur les fondamentaux des risques ? Eux-mêmes facteurs d’inégalités ?
Des dizaines de questions affluent à l’esprit et le seul fait de les exprimer inquiète parfois.
Mais que cherche-t-on d’autre que de remettre debout des pans entiers de la société totalement émiettés ?
Notre premier défi, pour adapter notre contrat social est d’abord celui de la pensée, guidée par une meilleure connaissance.
Parce que si la réalité est économique, l’explication est sociale.
La France, d’après les enquêtes sur les valeurs, est le pays industrialisé où le degré de confiance est le plus bas.
On se regarde en chien de faïence et on dépense une grande partie de nos énergies à se tirer dans les pattes, au lieu de nous poser la question : « positivement, qu’est-ce qu’on peut faire ensemble ? »
C’est surtout une question de culture : culture générale, culture humaniste mais aussi culture du risque, de l’initiative et de la responsabilité.
Le préalable est un changement de mentalités.
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C’est pour parvenir à cette transformation que doit être mis en débat un nouveau contrat culturel.
Ce besoin est d’autant plus urgent que les liens qui existent dans le cadre de notre ancien contrat culturel se sont désagrégés progressivement. Chacun le ressent confusément, et, dans l’attente de nouvelles références communes, s’efforce de construire sa propre morale.
Redonner un sens à sa vie, rechercher une représentation spirituelle de son existence, retrouver une identité permettant le dépassement de soi, voilà la quête, inconsciente le plus souvent, de chacun d’entre nous.
Mais, au-delà de cette dimension profondément humaine, personnelle et nécessairement subjective, ce nouveau contrat culturel devra naturellement avoir une vocation collective : il a pour but de créer et d’aménager un espace culturel autour des individus afin que ceux-ci puissent mieux vivre ensemble.
En ce sens, notre contrat culturel doit dépasser la somme des comportements et des morales de chacun. Il doit inspirer une éthique humaniste, appuyée sur une nouvelle communication, sur de nouveaux comportements sociaux, sur de nouvelles mentalités.
En nous amenant à réformer notre regard sur la question sociale, les réalités nous conduisent donc à repenser les rapports culturels entre les hommes.
De sujet social, la personne doit devenir co-productrice de sa réponse.
Une telle conception permet de mieux assurer l’idée des droits sociaux liés au contrat.
La question sociale ne peut être dissociée de la dimension économique mais aussi culturelle.
Bref, c’est de politique dont il nous faut parler.

Michel HANNOUN 


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