LA QUESTION SOCIALE
L’héritage du gaullisme social
La légende veut que le Général De Gaulle, quand la politique s’endormait ou traînait les pieds, disait : « Réveillez-vous ou je sors mes gaullistes de gauche ! ». C’est en effet De Gaulle qui avait inventé le sigle, en 1944, lorsqu’il avait dit, au cours d’une conversation à Alger, à la Villa des Oliviers, à notre Président du Club Nouveau Siècle, Philippe Dechartre, alors jeune Colonel de 25 ans : « Vous allez rencontrer Vallon et Capitant, ce sont des « gaullistes de gauche. Ils vous plairont ».
L’appellation, « gaullistes de gauche » vise à bien marquer la présence de la question sociale à l’intérieur même du gaullisme. De Gaulle affirmait : « Ni le vieux libéralisme, ni le communisme écrasant. Autre chose. » Cet autre chose, c’est, de toute évidence, le gaullisme lui-même qui cherche à allier l’efficacité économique et la justice sociale, l’ordre républicain et la transformation sociale.
L’histoire se répète, inlassablement, car, depuis 1978, aucune majorité parlementaire n’a été reconduite par les électeurs. La droite, lorsqu’elle est au pouvoir, oublie la justice sociale, elle est alors désavouée par le peuple ; la gauche au pouvoir s’inscrit d’emblée dans une logique de glaciation « égalitariste » que nourrit une idéologie caricaturale et passéiste, elle s’éloigne alors de l’efficacité économique, ce qui, électoralement, la condamne à son tour.
L’après 21 avril 2002 voit le triomphe absolue d’une UMP qui s’enferme aussitôt dans le discours tout aussi caricatural du libéralisme fondamentaliste, alors que la majorité absolue qu’elle détient à l’Assemblée nationale n’est qu’une espèce de trompe-l’œil qui lui fait oublier la question sociale. Pire : elle s’adosse, de façon dogmatique, à l’idée fausse selon laquelle seule la croissance peut résoudre la question sociale.
Ce qui est absolument nécessaire, c’est de sortir de l’assistanat comme unique vecteur de la politique sociale afin de réhabiliter les valeurs que sont le travail et le méritel. Ni le libéralisme fondamentaliste, ni la glaciation socialiste, car la France nouvelle se construira avec tous les Français, et non pas en jouant telle ou telle catégorie sociale contre une autre.
Le « Club Nouveau Siècle »
Le « Club Nouveau Siècle » regroupe aujourd’hui les hommes qui se reconnaissent dans les valeurs du gaullisme social. Il n’est question ni d’un retour en arrière ni de nostalgie. Le gaullisme politique, qui s’achève en 1969, appartient désormais aux historiens. En revanche, il est toujours question d’une pensée gaullienne qui, dans les domaines économique et social, nourrit aujourd’hui encore notre réflexion et notre action.
Pour nous, le gaullisme social, qui n’oublie ni la France d’en bas ni les classes moyennes, n’a jamais cessé d’être d’actualité. Il appartient en effet à l’action politique de garantir, sans relâche, de manière volontariste, les grands équilibres du contrat social et républicain qui se caractérise par un juste partage entre tous les Français des fruits de la croissance et un bon fonctionnement de l’ascenseur social.
Ce n’est plus le cas aujourd’hui : le politique s’avère incapable de garantir ces anciens équilibres. La droite semble se soumettre aux injonctions de la mondialisation marchande ; la gauche s’arrête à la défense des salariés du secteur public, dont elle prône l’extension à l’infini, et à la création d’emplois « subventionnés ».
Encore une fois, ni libéralisme fondamentaliste, ni glaciation socialiste, car ni la soumission aveugle à l’économie de marché ni le nivellement social ne sont un destin pour la France. Pour nous, s’il ne peut y avoir de progrès social sans libéralisme, il ne peut y avoir de cohésion sociale sans justice sociale. Les dernières élections régionales l’ont montré : confrontés à une insécurité sociale croissante, les Français se sont tournés vers une gauche caricaturale qui leur a servi les plats réchauffés d’une économie socialiste qui représente le plus sur moyen de s’engager sur la voie du déclin.
Le « Club Nouveau Siècle » et l’UMP
Aujourd’hui, le « Club Nouveau Siècle » fait tout naturellement partie des structures associées à l’UMP, car nous avons toujours soutenu l’action du Président de la République et sa volonté de rassembler la droite républicaine et du centre au-delà des frontières partisanes des anciennes familles politiques.
Trois principes nous confortent dans notre choix de soutien au Président de la République : la volonté de Jacques Chirac de redonner à la France une place de premier rang dans le concert des nations ; son souci de préserver une laïcité « ouverte », seul socle viable d’une destinée commune ; son engagement sans faille en faveur de la cohésion et de la justice sociales.
Il appartient à l’UMP de respecter cette feuille de route pour la réalisation de laquelle nous nous sommes déjà mobilisés. Tous les chantiers que nous avons ouverts depuis la création du « Club Nouveau Siècle », sur les questions de politique intérieure ou lorsqu’il s’agit de l’Europe ou de l’action internationale, s’ouvrent sur une préoccupation essentielle : la question sociale.
C’est donc avec enthousiasme que nous soutenons le Plan Borloo en faveur de la cohésion sociale. Ce plan doit s’inscrire dans la logique qui est celle de l’UMP depuis sa création : l’audace réformatrice. Il s’agit d’accompagner les mesures économiques qui visent à libérer toutes les initiatives et à réhabiliter le travail, comme le nécessaire assouplissement des 35 heures, par un volet qui doit permettre de préserver nos acquis sociaux et garantir la cohésion de la nation.
Nous avons la volonté d’amplifier l’action de l’actuel gouvernement, de relayer sur le terrain une volonté réformatrice qui doit nous permettre de moderniser notre pays. Ces réformes, les Français les attendent, encore faut-il qu’elles soient expliquées, puis comprises par l’ensemble du corps social. Notre système de retraites et notre système de santé sont au cœur de la cohésion sociale et du pacte républicain : qui peut prétendre que l’on pouvait continuer sans les réformer profondément ? Face à la montée de l’échec scolaire, qui peut prétendre aussi qu’il ne faut pas réformer notre système scolaire ?
Notre engagement pour préserver l’avenir
Le Général De Gaulle avait su moderniser la France, son système de production, son économie, tout en préservant la cohésion sociale. Dans un contexte de mondialisation marchande, ce sont aujourd’hui les mêmes défis que nous devons relever avec comme toile de fond la construction européenne et l’émergence d’un nouvel ordre économique mondial.
Fidèles à la pensée gaullienne, nous voulons ce qu’il faut pour moderniser la France, en n’oubliant personne !
Nous appelons tous les mouvements qui défendent les mêmes idées que les nôtres, fondées sur l’efficacité économique et la justice sociale, à se retrouver, afin d’organiser ensemble la Première Convention Nationale du Gaullisme Social.
Bernard Reygrobellet
Président du Club Nouveau Siècle